La route, de l’aller au retour
Le voyage de la vie
A chacun sa vibration
Au sein d’une même famille, dans un creuset où l’éducation et la culture se ressemblent, on peut retrouver des personnes profondément différentes. Certaines aiment la stabilité et peuvent passer leur vie entière dans la même ville, le même quartier, voire la même maison ; d’autres voyagent, peuvent changer de métier, vivre à l’étranger. Certaines ont besoin de solitude, d’autres préfèrent être entourées.
Ces façons d’être au monde sont simplement des illustrations de notre structure d’être. Elle est unique et indépendante de la personnalité car liée à notre âme en tant que courant de vie. Évidemment, aucune n’est mieux qu’une autre. Il est simplement important de vivre notre musique et pas celle imposée ou celle du plus grand nombre. Quand c’est le cas, quel que soit notre chemin, que nous soyons dans le mouvement du voyage ou dans une forme plus sédentaire, la vie nous amènera toujours toutes les expériences et prises de conscience dont nous avons besoin pour évoluer.
Âme nomade
Pour ma part, j’ai une âme de nomade. Le voyage est une façon de sortir de ma zone de confort, de rencontrer l’altérité, mais surtout de renouer avec des mémoires anciennes. Il me nourrit d’énergies, d’informations, de prises de conscience tout autant qu’il me secoue pour que j’aille réactiver mes ressources intérieures. Plus que tout, il est profondément naturel. Me déplacer avec un essentiel, garder un ancrage intérieur dans le déplacement, me déployer même dans un espace restreint, est facile et fluide.
Mais voyager n’est que le prétexte qui va permettre à la vie de se manifester. Il n’est pas obligatoire. Il est l’histoire, comme une illustration dans la matière de notre structure d’être qui est plus abstraite à appréhender.

25.000 km de routes
Il y a eu des routes droites, des routes pentues où le moteur est mis à rude épreuve en montant et où l’on espère que les freins tiennent le coup en descendant, des routes tortueuses où l’on compte comme une méditation les virages à épingles de cheveux pour rester calme, des routes de montagne bordées par un précipice abrupt sans la petite barrière symbolique pour se rassurer, des routes avec plus de trous que de bitume, des routes où l’on se sent bien, des routes que l’on n’a pas envie de prendre mais qui sont nécessaires, des routes ennuyeuses, d’autres qui sont belles mais qu’on oublie de regarder et d’apprécier tant on est concentré sur l’objectif d’arriver, des routes étroites de villages médiévaux où l’on transpire à grosse goutte en espérant de pas avoir loupé un panneau indiquant une restriction de largeur/hauteur, des routes avec des vents violents qui secouent le véhicule, des routes magiques, des routes de pluies, des routes qui font flipper où l’on agrippe le volant en se demandant quand on arrive, des routes où l’on se dit bravo avec la fierté d’avoir dépassé ses peurs.
Comme dans la vie, il y a toutes sortes de routes qui proposent autant de défis que d’enseignements, tout autant que les lieux visités.
Cette route empruntée de l’aller au retour, me ramène au point de départ.

Le retour à la maison
Heureuse du parcours, tout autant que de son achèvement. Je ne voyage pas pour fuir, mais pour revenir, nourrie par l’expérience. Au fil des mois, mon regard a changé. Le retour invite à la prise de conscience de l’avant/après.
Quand je contemple ma « maison » et le quotidien de la vie à Valence, je vois ce que je ne pouvais plus voir avant, par habitude (ou lassitude ?). Je peux me réinvestir à partir d’un autre espace, qui s’est élargi et ouvert en moi.
La liberté
Dans le regard des autres, la vie en camion porte le fantasme de la liberté. On peut aller partout, faire ce que l’on souhaite, quand on le souhaite. Oui… et non. Si je distingue la vie d’une année sur les routes, de quelques semaines de vacances, je dirai que les difficultés ne s’arrêtent pas magiquement parce qu’on est en voyage et qu’on n’a pas à gagner sa vie. Comme dans la vie, il y a des pépites et des contraintes. Simplement, elles ne sont pas les mêmes.
Aujourd’hui, je trouve important de rappeler que la liberté n’est pas de faire ce que bon nous semble. La liberté est lié à notre état d’être. Elle vient quand on épure nos conditionnements et nos croyances. Quand on fait preuve de discernement, en agissant avec le cœur même si on ne sait pas comment ni pourquoi avec le mental. Quand on comprend qu’une vie « réussie » n’est pas dépendante des biens matériels ou de la reconnaissance sociale. Que ce qui nous emprisonne est la peur du manque, de la maladie, de la mort, de la douleur.
Il y aura toujours des cœurs brisés. Il y aura toujours des obstacles sur la route.
Chacun d’entre nous peut sans doute se retourner et contempler sa vie pour voir à quel point les dérapages, ruptures, accidents, souffrances petites et grandes ont été porteurs d’enseignements profonds.
Alors, je souhaite que nous puissions trouver la force de cesser de faire les choses (un métier, une vie) à contre cœur, parce qu’on croit qu’il le faut, qu’on n’a pas le choix, que c’est bien, ou encore par stratégie (si on fait cela, alors dans xx années on pourra enfin faire ce que notre cœur nous dit, parce qu’on aura le temps et qu’on sera à la retraite) …
Je souhaite que nous trouvions cette liberté intérieure qui permet de choisir le chemin d’expériences que nous serons heureux de vivre, peu importe les obstacles.
