La Foi
Avoir la foi
Je ne dis pas ouvertement que « j’ai la foi ». Il y a une forme de pudeur à dévoiler l’intime. Et peut-être aussi, que face aux nombreuses personnes que j’entends énoncer avec fierté « je suis athée », ou encore « je suis cartésien, je ne crois qu’en la science », je n’ai pas envie d’abîmer ce qui est au-delà de l’explication raisonnable. Mes arguments se réduisent à : « je la sens dans mon cœur ». Un peu court, non ?
Être athée
J’ai découvert récemment en lisant le philosophe et théologien Jean-Yves Le loup, qu’à l’origine le mot « athéisme » renvoie à une maladie des yeux. Être athée veut dire : manquer de vision, ne voir que le visible et refuser l’invisible. Bien-sûr, on ne peut pas forcer quelqu’un à voir. Ce mouvement part de l’intérieur, il ne s’impose pas.
Quand j’observe ces personnes portant le masque de l’athéisme, je m’aperçois qu’elles expriment en réalité autre chose. Ce n’est pas qu’elles ne veulent pas regarder au-delà du visible, mais plutôt qu’elles ne savent pas comment étendre leurs sens physiques vers les sens subtils. Forcément la complexité de l’invisible fait peur. Pourtant, clair audience, clair voyance, clair ressenti, etc. ne sont pas des gros mots et encore moins des capacités extraordinaires. Avec de la pratique et l’envie de lâcher ses certitudes pour plonger dans l’inconnu, elles sont accessibles à tout être humain.
Être cartésien
Ceux qui brandissent en étendard « je suis rationnel, cartésien, scientifique », disent de façon sous-jacente qu’ils ne sont pas certains de pouvoir faire confiance en leur capacité à discerner ce qui est farfelu, de ce qui est juste (même si non expliqué ou prouvé scientifiquement actuellement). Hélas du farfelu, nous en avons des wagons entiers, de thérapeutes formés en quelques stages qui mélangent les concepts ou restent dans une compréhension intellectuelle, ou d’autres encore qui surfent sur la vague.
Face à toutes ces confusions, je comprends qu’ils préfèrent s’en référer à des personnes considérées grâce à leur intelligence cognitive, leur sérieux, leurs recherches, donc validées selon les codes de la société. Malheureusement au passage, on créer des courants qui s’opposent, en mettant tout sans différenciation dans la grande valise du New Age. On se coupe de dimensions fondamentales de l’Homme, parfois même on oublie que les plus grands scientifiques sont aussi profondément spirituels et s’inclinent devant le mystère.

La foi confondue avec la religion
Au-delà de ces protections, tellement d’autres personnes ont eu leur foi abîmée par les religions. Par des mauvaises traductions des textes sacrés, menant à des incompréhensions fondamentales et des comportements dénudés de sens.
Comment ne pas réagir face à tout ce qui a été fait au nom de Dieu, dans le monde entier et dans toutes les religions, conduisant à ce qu’il y a de pire dans l’humain ?
Notre histoire est tumultueuse, ancienne, compliquée. Pouvons-nous faire un pas de côté et l’espace de quelques instants lâcher le monde des pensées pour retrouver dans les profondeurs cette énergie subtile, intime qu’on appelle la foi ?
La foi n’est pas religion et encore moins croyance.
Distinguer la foi de la croyance
Avoir la foi est souvent confondue avec la croyance car la profession de foi commence par « je crois ». Mais cela est un raccourci pour dire ce en quoi en a foi. Rappelons-nous que la croyance est l’adhésion intellectuelle a une pensée.
La foi émerge quand le mental se tait, parce qu’il ne s’agit pas de comprendre, mais de communiquer avec. Elle est connue de notre Cœur, comme une mémoire de notre essence divine.
Il ne s’agit pas du cœur émotionnel, car alors la foi deviendrait comme un sentiment porté par notre personnalité et pourrait dans certains cas, devenir aveugle ou dans ses extrêmes, fanatique. Plutôt que de ce cœur affectif, on pourrait parler du « Cœur conscience » qui en lien avec la sagesse universelle.
Ainsi, la foi que l’on ressent à l’intérieur de nous, est au-delà des concepts. Elle s’exprime dans une façon d’être, dans le quotidien, dans nos actions, nos paroles, nos pensées. Elle est simplicité, aussi naturelle que la respiration. Elle peut être approchée par une connaissance analogique et non analytique ; par les images, les symboles et ce quelque chose d’indicible que l’artiste ou le poète transmettent si bien dans leurs œuvres.

L’art est une porte vers le sacré
Parfois, lors de mes visites, je tombe en arrêt devant des pépites où je sens qu’une foi sincère a porté l’artiste. Toute la pierre ou la peinture en sont imprégnées. Il y a une énergie particulière, quelque chose que l’on ressent qui touche notre cœur. Peu importe le motif, la date, l’histoire, ce qui compte est la vibration qui résonne avec nous et nous amène à être transformé par la rencontre avec l’œuvre.
L’art devient une porte vers le sacré, une ouverture du cœur.
Bien-sûr, l’art sacré est au service de la foi tout autant que de la politique et du pouvoir. Dans certaines églises, j’entre et je sors rapidement ne ressentant que la gloire de l’homme et sa volonté d’afficher richesse et puissance.
Pèlerinage vers le sacré
Dans ce voyage, j’ai vu la beauté dans la pierre, la peinture, l’art sacré. J’ai eu la chance immense d’aller au contact direct avec des lieux, des espaces naturels et des architectures qui élèvent, où l’on se redresse intérieurement. Naturellement, le corps se détend, le cœur s’ouvre, il y a un élargissement qui permet d’être dans une temporalité plus vaste où coexistent la conscience de la vie incarnée au présent avec d’autres parts de nous.
Ce regard plus vaste me donne l’envie de réinvestir ma vie avec joie et moins de pression d’enjeux. De prendre des décisions qui vont au-delà des peurs stimulées actuellement par notre époque. De sentir que malgré l’incompréhensible, il peut y avoir un sens.
Cette année a été un renouvellement profond et je remercie chacun d’entre vous de m’avoir accompagnée à distance.