Une journée au monastère : récit d’une journée au monastère Shwe Oo Min en Birmanie



Premier gong de la journée 3h30 

Vu d’ici le réveil semble matinal, dans le contexte c’est avec beaucoup de naturel que j’émergeais des rêves de la nuit pour la première méditation. J’appréciais l’unique fraicheur de la journée, les ombres de la nuit qui laissent peu à peu la place à l’aube et cette qualité de vigilance très particulière qu’a l’esprit à ce moment là.

Le petit déjeuner 5h30

Très attendu, car il vient après 18h de jeûne, le premier repas est constitué d’une soupe de nouilles avec des légumes. Souvent aussi, nous avons un petit paquet de gâteau ou une banane, que l’on garde précieusement pour plus tard.


Les moines quittent les monastères tôt le matin. Ils marchent en file indienne, les plus anciens en premier, portant devant eux leurs bols à aumônes. 

Moines dans le monastère Shwe Oo Min en Birmanie
Avec le lever du soleil, les moines s’alignent en suivant un ordre strictement défini et se préparent à recevoir le riz donné d’abord par les retraitants et les nonnes, puis par les villageois. Ce rituel matinal commence dans l’enceinte même du monastère.
Les moines recevant le riz donné par les villageois dans le monastère Shwe Ooh Min en Birmanie
Les moines recevant le riz donné par les villageois habitant au monastère Shwe Ooh Min Dhamma Sukha.
Dons des villageois au monastère Birman
L’aumône des moines – Dons des villageois habitant au monastère birman.
Les moines du monastère sortent faire le tour du village
Ensuite, les moines sortent faire le tour du village. Les moines traversent le village à côté du monastère. La vie dans un centre de retraite bouddhiste de la tradition des moines de la forêt, en Birmanie.

A leur retour, ce riz sera collecté par le staff du monastère et servi à nous tous au déjeuner.
Ce qui m’a frappé tout au long de ce séjour est la très grande générosité des birmans envers la communauté monastique. En nature ou financiers, les dons sont nombreux.


Le principe d’une longue retraite est de développer la pleine conscience au quotidien, soit une présence attentive à ce qui se vit à chaque instant (sensations, émotions, pensées). Ce « travail » démarre du moment où l’on se réveille, jusqu’au moment où l’on s’endort et n’est pas réservé aux temps de pratiques formelles comme les périodes de méditation assise ou marchée.

Ce qui m’a plu dans l’approche de U. Tejaniya (le chef spirituel du lieu) est la très grande autonomie dans la pratique accordée à chacun. Il y a certes un emploi du temps, mais il proposé à titre indicatif, après chacun se responsabilise. Ce qui était important pour moi était d’entrer dans le hall méditation en étant joyeuse. Sinon, je faisais autre chose. (Bon, bien-sûr les autres « activités » restent assez ciblées…)

Nonne méditant à l'abris d'une moustiquaire dans le monastère birman
Méditation de pleine conscience, temps de pratique protégé des moustiques.
Salle de méditation avec des moustiquaires ressemblant à des cocons pour se protéger des moustiques
Salle de méditation dans le monastère bouddhiste Shwe Ooh Min Dhamma Sukha en Birmanie.

Il permet, par la lecture ou la réflexion autour de concepts, de mettre en lumière et de comprendre autrement l’expérience vécue. Cela peut aussi être un temps d’échanges avec les autres retraitants. (Sinon nous sommes en silence).


Tout est très ritualisé. Les moines vont passer en premier, puis les nonnes, puis les retraitants (ce monastère est considéré comme très « moderne » car ici les nonnes passent avant les hommes…), ensuite le groupe des femmes. Là aussi, il y a une hiérarchie : d’abord les femmes birmanes avec les personnes âgées, etc. Vous avez compris la logique, quand le gong pour le repas résonnait, je n’avais pas besoin de me presser.

La file d'attente du déjeuner au monastère dans dans un centre de retraite et de méditation Vipassana en Birmanie
La file d’attente pour aller déjeuner. La vie dans un centre de retraite et de méditation Vipassana en Birmanie.

La nourriture est délicieuse : riz, légumes, tofu. Très épicée pour nos palais occidentaux malheureusement. Ce qui m’a manqué le plus sont les fruits, très peu proposés.

À partir de ce moment de la journée, jusqu’au coucher du soleil, la chaleur est tellement forte que nous sortons très peu, préférant rester près d’un ventilateur qui tourne quand l’électricité n’est pas coupée.

Le reste de la journée s’organise ainsi :

Temps de méditation 13h-16h

Jus de fruit 16h

Temps de méditation 17h-20h

Extinction des feux 21h


On apprend du lieu et de son chef spirituel, mais aussi des gens qui nous entourent, pratiquants ou pas, des plantes, des livres amenés un peu au hasard parce-qu’on-ne-sait-jamais et un jour ouvert pile à la bonne page. Mais aussi de nos rêves, de la petite voix à l’intérieur, de quelque chose d’ancien qui refait surface et se transmet. L’enseignement est souterrain. Il n’est pas forcément spectaculaire, plus un glissement vers ses profondeurs.

En savoir plus : https://ashintejaniya.org/