Changer de vie



Comment as-tu envie de vivre ? Qu’est-ce qui te fait vibrer ?

Une fraction de silence ouvre le possible. Le regard s’adoucit et se relie aux rêves. Et puis, vient l’enclenchement des pensées et des conditionnements. Impitoyablement, ils s’activent pour dresser les murs du connus. Protéger ce qu’on croit contrôler.

La réponse qui vient du cœur est en peu de mots. Elle se passe d’argumentation, elle est état d’être, sourire aux lèvres, confiance. Nous connaissons cet élan naturel, qui a l’appétit de vivre et le goût de la joie spontanée. Mais le couvercle que nous posons dessus, est tout autant connu : « je dois gagner ma vie ». Que la phrase soit prononcée ou pas, elle est tellement imprégnée dans chacune de nos cellules, qu’elle est active.

Le souci est que cette peur est capitalisée par ceux qui profitent de la vulnérabilité d’une personne en reconstruction professionnelle, pour lui proposer des méthodes miracles et des formations. Les concepts se mélangent : « j’active la loi de l’attraction, je fais mon tableau de vision pour attirer ce qui est bon pour moi et je suis le programme en 21 jours vers l’abondance » jusqu’à un point de saturation.


Avec la grande vague du développement personnel qui accompagne les changements de vie, des notions importantes sont prises au pied de la lettre.

Portées par l’enthousiasme du besoin de renouveau, de nombreuses personnes transposent leurs anciennes façons de faire dans un autre champ de croyances, tout en ayant l’intention de faire autrement qu’avant.

Souvent, il y a une ouverture vers des sagesses et traditions spirituelles qui proposent d’autres paradigmes. Mais, je remarque que pour beaucoup, ces notions sont comprises et appliquées au niveau du personnalité et non de l’Être.

Qu’est-ce que cela veut dire ?

Prenons quelques exemples de conseils communément véhiculés tous médias confondus et compris à l’envers.

Suivre son inspiration

Ne veut pas dire « je fais ce qui me plaît ». Cela veut dire distinguer le mouvement intérieur (souvent très puissant c’est pourquoi on parle de pulsion) qui souhaite m’éviter de souffrir et cherche à combler mes manques, de celui de l’âme.

Or, dans cet espace où nous sommes totalement aligné avec ce qui est plus grand que nous, il n’y a pas de tiraillement émotionnel. Simplement, une certitude profonde qui n’a pas besoin de s’expliquer.

L’inspiration est le souffle de notre âme. Elle nous transmet les idées, et la direction à suivre. Ensuite, pour qu’elle s’incarne dans la matière, elle a besoin du personnage.

Être soi-même

Ne veut pas dire développer une personnalité pour être original et la revendiquer par la suite sur Youtube et les réseaux sociaux. Cela veut dire écouter comment l’unicité de notre courant de vie s’exprime à l’intérieur de nous et prend forme.
Ainsi, il ne s’agit pas d’avoir un style vestimentaire particulier, un look ou quoi que ce soit de cette nature. Il s’agit d’écouter ce qui nous fait vibrer (soit qui expanse notre énergie), et dans lequel on se sent bien. Alors on va s’accorder avec certaines couleurs, certaines formes, certains objets ou bijoux, tout simplement parce qu’ils nous font rayonner d’une certaine façon. Mais ce n’est pas une image de soi que l’on cultive. C’est l’expression de qui l’on est à l’intérieur de nous qui se trouve amplifiée par la résonance avec une couleur ou une onde de forme particulière, un bijou ou une pierre.

Prendre soin de soi

Ne veut pas dire s’écouter et faire comme cela nous chante, sans aucune considération de l’autre et de la relation avec ce qui nous entoure. Cela veut dire écouter les mouvements de son âme et éviter de la blesser. Qu’est-ce qui blesse son âme ? Une dissonance relationnelle, une nourriture non appropriée comme un film trop violent, des pensées mal attentionnées, l’agitation du mental, le bruit extérieur, les peurs, etc.

Ainsi prendre soin de soi est revenir dans l’écoute profonde du corps pour sentir quand il y a une ouverture, une détente, quelque chose de tranquille et de joyeux qui nous montre que l’alignement se fait avec la voix de l’âme.

Nous sommes les créateurs de notre vie

Ne veut pas dire qu’il faut dresser sa liste de courses à l’Univers avec tout ce que l’on veut, répéter des affirmations personnelles comme des mantras, se mettre dans l’énergie émotionnelle que l’on ressentirait si on avait ce qui est sur notre liste.

Cela veut dire s’harmoniser avec les lois universelles dont la première et la plus importante est celle de l’Amour. Il s’agit de s’élever en fréquence pour se mettre au niveau du plan de l’âme.  

Pour mieux comprendre, imaginez que vous êtes face à un maître incarné. Il vous connaît mieux que vous-même, parce qu’il vous voit dans toutes vos dimensions. Est-ce que réellement vous allez lui demander comment attirer un travail, trouver un nouveau partenaire de vie, avoir plus d’argent, etc. ?


Comment prendre conscience que le personnage est passé au premier plan ?

De façon très synthétique, tout ce qui va générer de la joie, se faire dans la fluidité et l’absence d’attente, dans un état d’être qui est décrit en psychologie comme le « flow », donne l’indication que l’Être pilote à l’intérieur de nous.

Tout ce qui va nous préoccuper, devenir une « prise de tête », résister, créer des tensions internes et de la séparation, être soumis à la peur, au manque, au besoin d’argent, de reconnaissance, de pouvoir, donne l’indication que l’humain piégé dans son personnage est aux commandes.


La personnalité se construit en réponse à ce manque d’amour. Nos actions cherchent à nous éviter de trop ressentir la souffrance qu’il génère. Un mécanisme de protection très subtil se met en place qui nous conduit à aller chercher à l’extérieur les moyens de combler ce vide en nous.

J’ai toujours eu cet élan intérieur d’écrire pour transmettre. Mais, il fut un temps où j’écrivais des articles dans un blog, parce que je croyais que c’est ce qui allait me permettre d’être reconnue. A l’époque, je suivais des formations pour « monter ma société » et on me disait de faire des choses gratuites, de donner du contenu comme des articles, le livre blanc etc. pour récupérer des adresses emails et enrichir mon fichier de contacts. J’ai même fait une formation « réseau » où on me disait à quelle fréquence poster, à quelle heure pour toucher le max de monde, etc. C’était une vraie torture. Je détestais cette façon de procéder, mais j’étais persuadée que c’était la bonne façon de faire.

Bien sûr, ça n’a pas marché. Cela me coûtait beaucoup d’énergie et je passais des heures à tourner les phrases pour écrire des articles que personne ne lisait.

C’était il y a 15 ans. Aujourd’hui, je ne sais pas si je suis plus lue, mais là n’est plus la question. A un moment donné, les mots viennent au travers de moi. J’écoute, je suis cet élan et j’écris.

Suivre le « flow », ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’effort et de travail, bien au contraire ! Simplement l’action part de l’Être et non plus du personnage, ce qui change tout.

C’est une histoire de nuances, de subtilité et d’écoute intérieure.

Il y a aucune recette, aucune méthode, puisqu’il s’agit d’une évolution de conscience.


L’attente est une énergie qui dévore. Le besoin de reconnaissance et de succès aussi. Ils nous conduisent à la compétition, à la jalousie, à vouloir plus et à oublier que l’autre est moi-même et que nous sommes tous reliés.

Je crois qu’il est illusoire de croire, à ce moment précis de notre évolution collective, que toutes nos actions sont faites à partir de l’Être. En revanche, il est possible de sentir ses frictions intérieures, de sentir ses oscillations et le moment où l’on bascule dans la peur.

On peut discerner ces mouvements d’énergie en nous et de faire le choix lorsqu’on en prend conscience, de lâcher le personnage pour revenir dans l’Être. Encore et encore, avec bienveillance.

C’est le grand travail d’incarnation, qui réalisé par chacun d’entre nous, va nous permettre de grandir collectivement.


Il est temps d’arrêter de dire que c’est difficile à réaliser. Oui, peut-être. Mais l’essentiel est d’être en chemin et d’essayer. Imaginez un enfant qui apprend à marcher, tombe encore et encore. Est-ce que vous allez lui dire : « reste à 4 pattes si marcher est trop difficile pour toi »?

Que lui diriez-vous plutôt ? Comment pouvez-vous vous retourner ces phrases pour soutenir votre effort du moment ?

Dans ce travail, essayons de lâcher la méthode où on suit des étapes prédéfinies. Essayons de nous ouvrir à l’inconnu, à ce qui ne peut être expliqué, seulement ressenti.

Retournons vers les philosophes, les sagesses ancestrales, les mythes, vers ce qui nous enseignent sans tout dévoiler littéralement.

Acceptons de ne pas comprendre avec notre mental pour laisser une place au mystère.

Le monde de la matière et celui des idées ne s’opposent pas, ils se nourrissent l’un, l’autre. Nous pouvons réaliser des passerelles entre le grand et le petit, entre le divin et le quotidien « terre à terre » le plus simple. Il ne s’agit pas de devenir mystique, mais de retrouver le sens de nos actions quand elles sont guidées par le cœur et par l’Être. Alors, collectivement, notre société cessera de marcher sur la tête.