La solution intérieure

Comprendre la relation corps / esprit pour mieux guérir

Extraits d’un livre de Thierry Janssen

La solution intérieure de Thierry Janssen, vers une médecine intégrative
Thierry Janssen, médecin, chirurgien devenu psychothérapeute, est spécialisé dans l’accompagnement des malades. Il enseigne une médecine humaniste et responsable au sein des hôpitaux et des facultés de médecine.

Une médecine de l’esprit pour soigner le corps

Embarrassant : l’effet placebo

L’effet placebo illustre l’influence du mental sur l’organisme. Il est réel et efficace face à de véritables symptômes douloureux, son action agit sur la composante sensitive et subjective de la douleur.

Il joue avec l’effet de sens, la conviction du praticien est importante, la réputation du traitement et son efficacité influencent la guérison.

L’effet placebo est souvent mis de côté sans doute parce que notre culture valorise la performance. Le médecin doit faire preuve de ses compétences techniques. Les rôles sont distribués : le patient subit, le médecin soigne et guérit. Au lieu de le nier, il serait intéressant de l’utiliser, comme un outil thérapeutique, en pleine conscience pour stimuler le potentiel d’auto guérison du patient.

Un guérisseur résumait ainsi : « Toi docteur, tu enlèves les tumeurs, tu tues les microbes et tu combats les virus. Moi je chasse les démons, j’apaise les ancêtres courroucés et je parle aux esprits malins. Nous faisons le même métier, seuls les mots changent. Dans la tête de nos patients, il y a des images. Ce sont les images qui guérissent le coeur et le corps des hommes. »

Eclairant : la psycho-neuro-immunologie

Comprendre comment un comprimé de sucre ou une attitude positive influencent la santé du corps n’est possible que si l’on abandonne le concept cartésien de la séparation du corps et de l’esprit.

La théorie de Pavlov permettait d’expliquer pourquoi un sujet conditionné connaît une crise à la vue d’un papier rose. Mais elle n’expliquait pas comment. Un début d’explication fut apporté dans les années 70 par les chercheurs psychologues Robert Ader et Nicolas Cohen qui ont postulé sur un lien entre le psychisme et le système immunitaire. Des années plus tard, David Felten a mis en évidence une innervation très riche au niveau des tissus lymphoïde responsables de la fabrication et du stockage des cellules immunitaires. Contrairement à ce que l’on croyait jusqu’alors, le système nerveux et le système immunitaire ne fonctionnent pas de façon séparée. Une nouvelle science venait de voir le jour : la psycho-neuro-immunologie.

Ces découvertes montrent que si le cerveau est le siège des processus cognitifs et exerce une action sur le corps, en retour les informations en provenance du corps influencent le fonctionnement cérébral et l’élaboration de la pensée.

Ce concept d’informations qui circulent représente un niveau très subtil de la compréhension du vivant.

Les dangers du stress

Les chiffres du stress

75 à 90% des consultations médicales sont motivées par des problèmes en relation avec le stress.

Il n’y a pas si longtemps l’idée qu’un stress psychologique puisse favoriser le déclenchement d’un rhume paraissait farfelue. Pourtant Louis Pasteur avait eu ces mots « le germe n’est rien, le terrain est tout ». Un stress chronique plus qu’un stress aigüe ponctuel influence le terrain.

La formidable plasticité du cerveau est à la base des mécanismes de conditionnement, de mémoire et d’apprentissage. Une expérience laisse une trace dans notre système nerveux. Nos comportements peuvent être rééduqués, notre cerveau remodelé.

La force de l’esprit

« There is nothing either good or bad, but thinking makes it so » – Shakespeare

En soi, les événements sont neutres, c’est nous qui leur attribuons un sens, ce qui influence notre ressenti. Ce que nous ressentons influence notre réalité.

Ce principe essentiel constitue le secret de l’extraordinaire capacité de résilience que développent certains être humains.

La psychologie positive nous invite à réfléchir sur le fait que nous avons plus de pouvoir sur notre vie que nous pensons. Au cours du travail thérapeutique, il faut apprendre à identifier les conditionnements, les croyances et les idées qui empêchent de penser de manière positive.

Le rire, au même titre que l’écriture de ses émotions au quotidien, participe au maintien d’une bonne santé.

L’espoir, c’est le cortex cérébral gauche qui engendre des pensées positives, qui inhibent les sentiments de peur, produits par les amygdales limbiques. La cascade de réaction du stress s’interrompt, les endorphines (hormones qui diminuent la douleur et favorisent la pensée positive) sont libérées dans le sang. Le corps se détend, les douleurs diminuent. Le cerveau, informé de cette amélioration, renforce les émotions, elles deviennent encore plus positives.

Agir sur le cerveau pour relâcher le corps

La réponse de relaxation

Choisir un lieu tranquille, adopter une position confortable, fermer les yeux et relâcher un à un les muscles de la tête aux pieds. Etre attentif à sa respiration, sans réagir aux émotions qui circulent dans le corps. Progressivement le corps se détend, le rythme respiratoire se ralentit, la consommation d’oxygène diminue, le cœur bat moins vite, la pression artérielle s’abaisse, le cerveau entre veuille et sommeil est parcouru d’ondes alpha. Le bien-être est profond.

En pratiquant cet exercice pendant 10 minutes, tous les jours, le système nerveux autonome parasympathique est activé ainsi qu’un ensemble de processus réparateurs.

La méditation pour sculpter le cerveau

La méditation est une auto régulation de l’attention qui permet de prendre conscience de sa pleine présence. Enseignée depuis plusieurs millénaire, les études nombreuses aujourd’hui démontre son importance considérable pour le maintient d’une bonne santé responsable.

Pour les sceptiques et cartésiens, le biofeedback est une bonne manière d’appréhender la relation esprit/corps.

Visualisation et autosuggestion

On peut entraîner mentalement le corps pour développer des capacités. L’hypnose moderne est une discipline scientifique qui permet d’entrer dans un état modifié de conscience et d’aller chercher dans l’inconscient et son réservoir de ressources, ses propres solutions.

Le training autogène de Schultz

Inspiré par les travaux de Coué (1930), le neuropsychiatre imagina une approche combinant autosuggestion et relaxation. De nombreux travaux cliniques montrent son efficacité.

Une médecine du corps pour soigner l’esprit

Observer le corps qui souffre

Wilhelm Reich, en 1930 s’intéresse à l’influence du vécu psychologique sur la morphologie. Il cherche à identifier les traces physiques des douleurs psychiques. A la différence de la psychanalyse qui, au fil des associations libres cherche à savoir pourquoi, Reich cherche à savoir comment le contrôle et la répression des émotions s’est effectué. L’émotion s’exprimant dans le corps, il regarde le corps.

La peur, le chagrin, la colère, la douleur et chaque événement émotionnel engendrent des mouvements et des postures caractéristiques. Au moindre stress l’activation du système nerveux sympathique provoque la contraction de certains muscles. La perception des émotions s’en trouve amortie et au niveau cérébral, la prise de conscience du sentiment désagréable est atténué voir supprimé.

La tension musculaire est une déconnexion de soi-même, une sorte d’anesthésie émotionnelle. Notre corps et notre esprit se rigidifient, nous devenons un paralysé affectif.

Interroger le corps qui se souvient

Libérer l’énergie : le stress émotionnel provoque des armures musculaires, la guérison passe par le relâchement des tensions.

Il faut traiter les zones de résistances grâce à des mouvements, des pressions, des massages et des exercices respiratoires. Quand la tension musculaire se relâche, l’énergie contenue dans les contractures est libérée et peut à nouveau circuler procurant une intense sensation de bien-être.

L’alexithymie (Grec a: absence, lexis: mot, thymos: émotion). 1 personne sur 7, le plus souvent des hommes, éprouve d’énormes difficultés à décoder ses propres émotions et est incapable d’exprimer ses ressentis sous la forme de sentiments. Véritablement coupées d’elles-mêmes, ces personnes ne comprennent pas la signification de leur malaise et ont beaucoup de mal à se faire comprendre des autres.

Relier les maux aux mots : la psychanalyse pense le corps. Les thérapies psychocorporelles proposent d’en faire l’expérience. Elles permettent le développement d’une conscience de soi dans l’instant, tant physique (les postures et les tensions du corps) que psychologique (les souvenirs et pensées à l’origine de ces tensions). La dimension émotionnelle ne s’aborde pas d’un point de vue intellectuel mais corporel.

Toucher le corps qui s’apaise

La main du cœur : Toucher est probablement la plus ancienne manière de soigner.

Toucher la surface, c’est ébranler la profondeur : la peau est le plus grand organe du corps : 640 000 récepteurs tactiles connectés à la moelle épinière et au cerveau par plus d’un million de nerfs.

Le toucher est le premier des sens à apparaître durant l’évolution, c’est aussi le premier sens du fœtus. C’est une forme de communication non verbale très puissante. Notre civilisation du « non-toucher » ne mesure pas l’importance des dégâts qu’elle produit.

Masser la peau entraîne une activation nerveuse directe au niveau cérébral. Cela stimule la partie postérieure de l’hypothalamus, sans passer par le cortex et de là provoque un relâchement musculaire et du système nerveux parasympathique.

Aligner le corps qui s’équilibre

La méthode Feldenkrais propose de développer l’intelligence du corps et de devenir conscient de ce que l’on fait, de lâcher les habitudes pour intégrer le mouvement juste et confortable au quotidien. Découvrir de nouvelles façons d’effectuer un mouvement moins fatiguant et plus gratifiant pour « faire un bon usage de soi ».

La chiropraxie consiste à réaligner le squelette en débloquant la colonne, les désordres musculaires et squelettiques et les dysfonctionnements organiques sont levés.

L’ostéopathie travaille sur les liquides et tissus mous pour restaurer harmonie et fluidité dans les fascias, les muscles, les ligaments, les vaisseaux, les nerfs, les glandes et organes du corps.

Une médecine de l’énergie pour soigner le corps et l’esprit

La médecine traditionnelle chinoise

La médecine traditionnelle chinoise comporte 5 disciplines : la diététique, la pharmacopée à base de plantes, le massage, l’acupuncture et les exercices énergétiques de qigong. Toutes visent à préserver l’harmonie et l’équilibre des forces et énergies responsables de la bonne santé.

Le qi gong : loin d’être une gymnastique, cette pratiques regroupe des exercices de méditation, de visualisation et de respiration, la tenue de posture et l’enchaînement de divers mouvements, des étirements et des ondulations ainsi que la pratique d’automassage.

L’acupuncture est efficace pour réduire la douleur et soigner un grand nombre de pathologie. Mais le fat que la recherche sur l’acupuncture ne puisse déboucher sur aucun brevet ou commercialisation explique pourquoi les crédits nécessaires à son étude scientifique sont si durs à trouver. L’acupuncture n’a rien à vendre.

L’imagerie par résonnance magnétique fonctionnelle du cerveau modifie notre compréhension de l’acupuncture, comme de la méditation. Si les corrélations observées devaient se confirmer, il nous faudrait enfin admettre que le corps et le cerveau sont reliés par des voies nerveuses encore inconnues.

«Toute grande idée est d’abord ridiculisée, puis violemment combattue avant d’être acceptée comme une évidence» Schopenhauer.

Le principe holographique

Chaque partie contient le tout. Chacune des cellules de l’organisme contient le matériel génétique nécessaire pour élaborer le tout.

Pour l’auriculothérapie : le pavillon de l’oreille figure un fœtus, dans la matrice utérine.

La Réflexologie plantaire : le pied est une cartographie du corps.

Le shiatsu : technique japonaise de massage consistant à appliquer des pression fortes et prolongées pour stimuler des points situés sur le trajet des méridiens d’acupuncture. Avant les aiguilles, les acupuncteurs étaient des acupresseurs.

Derrière la tradition de l’Inde

L’Ayurveda est la science de la vie. Née en Inde, elle est la plus ancienne des médecines.

Son rayonnement fut immense, son influence s’étendit jusqu’à la Grèce antique, à la Chine et au Tibet. Longtemps, elle demeura le principal système médical du sous-continent indien. Sous l’occupation britannique, elle fut progressivement désertée au profit de la médecine occidentale. Depuis 1980, eele a retrouvé un statut officiel de médecine et de fructueuses collaborations s’installent entre médecine occidentale et traditionnelle.

Comme sa cousine chinoise, l’Ayurveda considère l’homme comme un microcosme de l’univers et est avant tout préventive.

Son but est de préserver l’équilibre des forces fondamentales et la circulation de l’énergie dans le corps.

L’énergie vitale ne se nomme pas « qi » mais « prana », les canaux de circulation ne sont pas les méridiens, mais les nadis.

Le Yoga (étymologie = réunir), unifie corps et esprit, équilibre mental, homéostasie physique.

Le hatha-yoga, la forme la plus répandue (ha = jour, tha = nuit), c’est la rencontre des opposées, tension/relâchement, à travers de nombreuses postures (asanas). Ecoute et respect de soi.

Le Swara Yoga est le yoga de la respiration. Modifier la respiration c’est modifier l’activité cérébrale.

Les cavités nasales sont en relation étroite avec l’hypothalamus : lieu de régulation entre le système sympathique et parasympathique, c’est l’élément central du cerveau émotionnel.

La médecine post moderne devra être humaine, travailler la prévention, connaître les traitements non conventionnels, pour les proposer aux patients.
Méditer, rire, bouger, n’est-ce pas essentiel à la guérison ?
Les ressources intérieures de l’individu existent. Il serait intéressant de croire en leur possibilité de prévention et de guérison et de créer un équilibre et une cohérence entre le corps et l’esprit.

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