Sérénité et altruisme

Un enjeu majeur pour notre société

Récit d’une conférence avec Matthieu Ricard et Christophe André

Matthieu Ricard : Altruisme et compassion

Sérénité et Altruisme - Matthieu Ricard
Matthieu Ricard est moine bouddhiste, photographe, écrivain.

L’altruisme : un enjeu majeur pour notre société

La planète à une grande force de résidence. Mais depuis 1950, toutes les limites d’exploitation sont franchies, il y a une grande accélération et il devient impossible de ne pas être au courant. Il ne s’agit plus de scénario catastrophe.

La question cruciale est : «Comment faire face aux impératifs économiques et prendre en compte les impacts sociaux et environnementaux?» La compassion commence à intéresser des hommes d’affaires et semble au contraire très réaliste. Elle implique une notion de co-responsabilité, même s’il s’agit des générations qui nous suivent.

Développer la compassion

Il faut oser développer et cultiver la gratitude, surtout avec les jeunes enfants. Il faut oser des interventions dans les écoles. Il faut oser dire que l’altruisme est bon pour nos sociétés, que ce n’est pas irréaliste, ou naïf et encore moins un luxe. L’obstacle principal de l’altruisme est la peur.

Karen Armstrong contribue à développer la compassion dans le monde. Elle est à l’origine de la «Charte de la compassion» diffusée depuis 2008. Pour elle, la compassion est une force qui peut aider à faire tomber les barrières, à établir une économie équitable et à instaurer une paix planétaire.

La compassion n’est pas un bon sentiment, mais une façon d’être en empathie, d’être en résonance avec l’autre et sa différence et de constituer un espace pour lui dans notre esprit et notre cœur.

En arabe le mot compassion signifie la matrice en référence à l’amour maternel. L’amour maternel est difficile, la mère est responsable de l’enfant à chacun instant. Elle met de côté ses propres besoins pour comprendre l’enfant et même quand il la déçoit, la mère ne l’abandonne pas.

Découvrir ce qui vous fait souffrir et refuser d’infliger la même souffrance à autrui. Nos ennemis éprouvent aussi de la souffrance.On refuse souvent de reconnaître sa propre douleur alors on ne peut pas reconnaître la douleur des autres. Le défi est d’incarner dans l’action la compassion. Elle n’est pas forcément mise en place dans les religions.

Ce qui créer souvent notre chagrin est notre préoccupation de nous-mêmes. Le premier point de vigilance est la façon dont nous parlons les uns avec les autres. Comme si on pouvait résumer l’extraordinaire d’un être humain en lisant de façon péremptoire : «Il est toujours comme cela» ou «Le problème avec elle est que…» Que savons-nous vraiment de cette personne? Que savons-nous de son enfance? De son histoire? Voir la beauté dans l’autre, namasté: «Je te vois». Se souvenir que l’on connaît si peu sur cette personne assise à côté de nous. Evitons de projeter notre histoire mais et prenons en considération l’histoire de l’autre: vous ne savez pas ce qu’il a vécu. Tout le travail de compassion est d’agir ainsi y compris (et surtout) pour les gens que nous n’aimons pas. Ce n’est pas avec ses amis que l’on fait la paix, c’est avec ses ennemis.

Il faut aller à la rencontre des autres qui nous confrontent à notre humanité. Se frotter aux gens et apprendre de nos erreurs. Tout le monde a ses défauts, ces petites zones d’ombre et nous pouvons les regarder avec humour et compassion, ils sont notre humanité.

Christophe André : Décider d’être heureux

Sérénité et Altruisme - Christophe André
Christophe André est psychothérapeute, psychiatre et médecin écrivain

Quel bonheur?

Le bonheur est un état de plénitude, agréable et apaisant. Il implique une notion de satiété. Les beaux moments de bonheur sont vécus en conscience et nous nourrissent en profondeur. Nous sommes capables de les auto produire et de les cultiver.

La fragilité du bonheur

«Le plus grand supplice serait d’être seul au paradis» Goethe
Les plus grands bonheurs sont ceux qui nous lient les uns aux autres. Ces liens sont aussi fragiles : ils peuvent disparaître.

Conscience du malheur autour de nous

«Comment croire en Dieu alors qu’il y a autant de violence, de mort?»
Décider d’être heureux est renoncer à la vie en rose et cultiver un bonheur lucide qui intègre le tragique de la vie humaine, la souffrance du quotidien, le deuil, la violence. Derrière toutes les formes de bonheurs, il y a toutes les formes de souffrances de ce que nous affrontons en tant qu’humain.

Nécessité de se réjouir d’être vivant

«Il y a deux types de fou : ceux qui oublient qu’ils sont en vie et ceux qui ne savent pas qu’ils vont mourir»
Quelques que soient les circonstances et sans être dans le déni du tragique de l’existence, n’oublions pas que nous sommes en vie. Le bonheur n’est pas là pour oublier le malheur de la vie, ce n’est pas un écran mais une source d’élan vital pour nous aider à affronter la vie.

À quoi sert le bonheur?

«Le bonheur n’est pas le but mais le moyen de la vie» Paul Claudel
Le bonheur nous ouvre au monde là où le malheur nous enferme. Les émotions positives ou négatives nous aident à agir, à prendre conscience de ce qui ne va pas et trouver des réponses.

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