La responsabilité universelle

Seule une transformation intérieure peut aider à la transition écologique, énergétique et sociétale.

Extraits d’entretiens exclusifs du Dalaï Lala avec Sofia Stril-Rever. Une nouvelle réalité : la responsabilité universelle

Nous sommes entrés dans l’âge de la responsabilité universelle. Indépendamment des religions, des questions d’éthique ou de moralité, cette nouvelle réalité n’est plus une utopie. Elle commence à prendre corps dans les consciences.
Trois grands principes permettent d’élaborer en profondeur ce nouveau paradigme:
1. Interdépendance du vivant.
2. Unité de la famille humaine.
3. Responsabilité universelle.

Interdépendance du vivant

Chacun de nous est dans une interdépendance avec les autres formes de vie, humaines et non humaines.

La physique quantique contemporaine nous explique le principe d’intrication des molécules. Cela rejoint l’essence même de cette compréhension de la réalité : nous sommes tous reliés, interconnectés. Tous les êtres vivants n’existent qu’en dépendance les uns des autres. Ils se complètent mutuellement au service les uns des autres.
Les drames que nous vivons découlent de l’ignorance ou de l’incompréhension de cette notion. Nous ne réussissons pas la plupart du temps à voir la relation entre tous les êtres.

L’interdépendance se situe au cœur de la réflexion sur la transition écologique dans notre société.

Seule la compréhension de l’interdépendance peut nous aider à engager des actions justes, basées sur une meilleure motivation. Dans l’interdépendance, nous pouvons aider la terre et nos semblables. Résoudre et relever les défis que nous rencontrons. Saisir la complexité des problèmes de notre temps.

Le système Terre fonctionne en interconnexions de cycles. Ils sont reliés à des processus d’ordre physique, chimique et biologique, énergétique. Cette complexité est à la fois belle et insaisissable. En effet, il est difficile de comprendre tout ce qui se passe et de mesurer l’ampleur des répercussions d’un événement. Un changement en un lieu peut avoir un écho dans d’autres lieux, très éloignés dans l’espace et le temps. Il peut aussi être amplifié et affecter toute la planète.

La crise écologique nous confronte aux limites de nos facultés cognitives. En effet, elles sont non formatées pour déclencher le système d’alarme cérébral face à des périls se profilant à très long terme. Sur le plan émotionnel, nous ne craignons qu’un danger immédiat.

Un cycle se termine. Une nouvelle réalité commence basée sur la compréhension de l’interdépendance et ancrée sur le principe de responsabilité universelle.

Unité de la famille humaine

Tous les défis de notre temps peuvent être affrontés, si nous développons un sentiment sincère de responsabilité et de bienveillance envers chaque être vivant.

Prendre soin de cette planète ne relève pas seulement de la responsabilité des gouvernements, c’est aussi de la responsabilité de l’humanité tout entière et de chacun d’entre nous.

La nouvelle réalité est l’expression d’une pensée globale. Universelle, ne s’attache pas à une philosophie ou une religion spécifique. Elle n’a pas de repli identitaire et touche tous les hommes et le vivant.

Pour relever les défis de notre temps, les êtres humains auront à développer un sens plus grand de la responsabilité universelle. Chacun d’entre nous doit apprendre à travailler pour lui, sa famille, son pays, mais aussi toute l’humanité.

La responsabilité universelle est le fondement de la paix mondiale. De l’utilisation équitable des ressources naturelles. Du soin apporté à l’environnement. Du souci des générations à venir. Nous seulement sommes des visiteurs sur cette planète, présents pour un centenaire tout au plus. Pendant cette période, il est de notre responsabilité d’apporter notre contribution.

L’émergence de cette nouvelle réalité implique un temps intermédiaire: le temps du passage.

Responsabilité universelle

Prenons conscience que tous les êtres vivants partagent la même planète.

La responsabilité universelle transcende les différences de nationalité. Beaucoup de problèmes que nous rencontrons sont dus à un état d’esprit étriqué et beaucoup trop individualiste.

Le respect pour autrui exclut l’agressivité et engage à choisir le dialogue pour résoudre les conflits. La seule solution est d’arriver à considérer que les autres font parti de nous et de les traiter en conséquence.

Chacun peut agir

Aucune nation ne peut aujourd’hui résoudre seuls ces problèmes. Il est urgent de développer la compréhension, la coopération et le respect des différences.

Cultiver la compassion, l’amour et la solidarité

Le progrès actuel des sciences a, dans une certaine mesure, permis de résoudre les problèmes de l’humanité. Mais, cultiver l’intelligence rationnelle, n’est plus suffisant. En effet, il est nécessaire de considérer d’autres facultés remarquables de l’esprit humain. Comprendre le pouvoir de l’amour, la compassion et la solidarité.

De nouveaux modes de pensée sont devenus la condition nécessaire pour vivre et agir de manière responsable.

Reconnaître sa dimension intérieure

Cette transition n’est pas seulement énergétique, écologique ou sociétale, elle est aussi intérieure.

La transition intérieure donne du sens à toutes les autres et les rend possible. Elle consiste à retrouver une vérité existentielle. Une vérité de l’être.

Qu’ils nous viennent du dehors comme les guerres, la violence et le crime, ou qu’ils se manifestent au-dedans de nous, sous la forme de souffrances psychologiques et affectives, nos problèmes resteront sans solution aussi longtemps que nous continuerons d’ignorer notre dimension intérieure.

L’être humain doit apprendre à ne pas chercher des satisfactions à travers les moyens extérieurs sur le plan sensoriel.

Entraîner son esprit à cultiver l’altruisme et la compassion

Ce n’est ni une utopie ni une théorie, il y a des exercices très précis, dont la méditation fait partie. Transformer l’esprit signifie: diminuer les facteurs mentaux négatifs et destructeurs. Voir les pulsions égocentriques qui déforment la réalité. Développer un moi responsable et bienveillance. Pour être bienveillant envers les autres, il faut éliminer en soi toutes les racines agressivité et de violence.

Cette éducation amène une véritable transformation de soi. Elle s’appuie sur une éthique laïque et le développement des valeurs humaines d’amour, de compassion, de pardon, de paix.

Le Manifeste de la Responsabilité universelle, coeur du livre Nouvelle Réalité

Extraits

Je suis né sur cette Terre, enfant de la vie, au sein du cosmos.

Mes codes génétiques incorporent les messages de l’univers. Je suis relié à tous les vivants dans la réalité partagée de la vie. Leur bien-être est lié à l’équilibre des écosystèmes, eux-mêmes dépendants de la paix dans le cœur des hommes et de l’esprit de justice dans les sociétés humaines, où nul ne doit être laissé pour compte, mutilé par la faim, la pauvreté et le dénuement. Dans un esprit d’équanimité, libre de partialité, d’attachement et de haine, je contribue à maintenir et à rétablir l’harmonie de la vie.

Vivre la paix et la guérison intérieure dans chacun de mes gestes, dédiés au bien de toutes les existences, humaines et non humaines, est un grand appel à être vivant, dans la joie de l’amour universel qui est la vie de la vie.

Je suis né sur cette Terre, enfant de la vie, au sein de l’humanité, ma famille.

Seul l’altruisme me motive à agir pour le bien de tous les vivants, en assumant ma responsabilité universelle. Paix intérieure, amour et compassion, n’expriment pas seulement un idéal noble, mais sont aussi une solution pragmatique, au sein de la nouvelle réalité, garantissant l’intérêt général contre la déshérence du lien social et le délitement des solidarités. La nécessité de coopérer m’amène à reconnaître que la base la plus sûre d’un développement durable du monde repose sur ma pratique individuelle et partagée de la paix intérieure, de l’amour et de la compassion. Je réenchante ainsi l’espérance et la confiance dans la communauté de destin de l’humanité.

Je suis né sur cette Terre, enfant de la vie, au sein de la grande paix naturelle.

A l’ère d’internet et de la mondialisation, quand je me sens manipulé et instrumentalisé par la culture techno-économique, je prends conscience qu’il me faut incarner une sagesse de la responsabilité universelle, basée sur la force de la vérité et de l’amour, appelée Satyagraha par le Mahatma Gandhi.

Satyagraha est l’arme de mon combat non violent contre l’injustice. Car, dès que la vérité passe à travers moi pour s’exprimer, je suis invincible. En vivant Satyagraha au quotidien, je deviens, parmi d’autres et avec d’autres, artisan de paix, de justice et de vérité. Citoyen du monde, j’assume un nouveau lien civique de responsabilité universelle.

Sans forcer ni culpabiliser personne et dans le respect du pluralisme, c’est par la force de l’exemplarité que j’inspire à d’autres la détermination d’assumer une responsabilité universelle. De sorte que les générations futures verront, un jour, advenir ce monde auquel j’aspire, mais que je ne verrai peut-être pas. A la mesure de mes moyens, je m’efforce donc de construire avec constance, dans un esprit de paix et d’amour, la nouvelle réalité d’une Terre fraternelle.

En savoir plus : Le manifeste de la responsabilité universelle

Lire en complément : la terre comme soi-même, Michel maxime Egger

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